Sororité

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Créé en 2017, le fonds de dotation Sororité porte des missions d’intérêt général enracinées dans des valeurs d’égalité, de solidarité et d’émancipation, avec une idée-force : lutter contre toutes les formes d’oppression, de discrimination, d’invisibilisation et de violence à l’égard des femmes, hommes, personnes non binaires et transgenres, dans le respect de la diversité et de la fluidité des définitions. Sororité est donc en premier lieu un organe de réflexion et de sensibilisation qui interroge les représentations associées au féminin/masculin dans la construction sociale, avec pour objectif d’en forger de nouvelles, ouvertes, imaginatives et dynamiques. Il propose également des actions concrètes pour combattre toutes les formes de violence et de domination, et axe son travail sur les concepts de résilience et de réparation.

Le fonds de dotation accompagne dans un processus de germination des « personnalités sororées », porteuses d’un projet artistique, pour les aider dans l’accès à l’autonomie et à la pleine expression de leur potentiel ; les sororé·e·s enrichissent en retour le collectif et participent à la création d’univers en mouvement, plus respectueux et apaisés. Sororité puise ses énergies dans un groupe transdisciplinaire : Collège des sororé·e·s, Conseil des femmes et Comitéd’expert·e·s favorisent les synergies entre des personnalités qui donnent, reçoivent, aident et s’entraident, et mettent en commun leur expertise.

En soutenant la création artistique et en proposant des programmes de mentorat, Sororité donne à voir des manifestations conçues comme des événements collaboratifs et construit une collection d’œuvres d’art qui sont autant de supports pour réfléchir, réinventer et réenchanter le monde.

Sororité prend naissance au cœur d’un héritage pluriel dont l’écoféminisme constitue un des points d’ancrage. Aussi la crise environnementale, les luttes intersectionnelles, les rapports de prédation envers le vivant et les violences sexistes et sexuelles sont-elles centrales dans ses réflexions. Le fonds de dotation s’engage contre les agressions qui concernent le terrain social ou naturel, ces derniers étant intimement enchevêtrés. Sororité s’attelle précisément à dépasser les oppositions – opposition entre l’humain et le non-humain, entre la femme et l’homme, entre la culture et la nature, entre les arts et les sciences, entre la raison et l’émotion, entre le matériel et le spirituel – pour participer à la création de nouveaux socles de vie.

Sa perspective est active : Sororité prend racine dans l’immanence des représentations pour les manipuler, les reformuler, et fabriquer de nouveaux mondes possibles pour une transformation poétique de la société.

Une des missions au long cours du fonds de dotation Sororité consiste en la création d’une collection d’œuvres d’art protéiforme, qui se déploie dans des champs aussi variés que ceux de la danse, de la musique, de la sculpture, de l’architecture, de la poésie, de la peinture, de la photographie, de la vidéo, de la performance ou de l’installation. Ce fonds s’agrandit par voie de dons, consentis par des artistes qui deviennent mécènes et dont le travail fait écho et donne chair aux réflexions et aux luttes menées par Sororité. La collection est une traduction sensible des thématiques investies par Sororité – lutte contre les violences sexuelles et sexistes, questionnement des représentations liées au masculin/féminin, guerre des sexes, crise environnementale… – et en propose des interprétations à la fois poétiques et militantes. Chaque fragment donne chair à l’esprit de Sororité, mais le sens de chaque œuvre s’enrichira une fois celle-ci mise en regard avec la collection dans son entier, conçue comme un corps : la collection devient, en somme, un « corps manifeste ».

Collection

Série Jeanne Cuscute, Tatjana Sonjov, Juin 2020 •

Série Jeanne Cuscute, Tatjana Sonjov, Juin 2020

Trois photographies au format 60x90cm, tirage d’art, édition limitée à 25 exemplaires

À la suite de la crise sanitaire due au Covid-19, Tatjana Sonjov a signé avec « Jeanne Cuscute » une série écoféministe qui questionne les rapports ambivalents que nous entretenons avec la nature et l’histoire. En écho au Manifeste du naturalisme intégral signé par Pierre Restany, ces photographies ont été prises à l’été 2020, après le premier confinement, lors d’une marche dans l’arrière-pays niçois. Ce dernier constitue un terrain d’exploration privilégié pour l’artiste dont le processus créatif est fondé sur la rencontre de traces humaines dans la nature et les lieux délaissés.Elle explique : « L’histoire de France abrite des épisodes pour le moins scabreux, comme celui de la reine Jeanne attachée au village abandonné de la Roche des Éperviers. Jeanne a-t-elle été pour quelque chose dans la mort de son époux André de Hongrie ? Louis leGrand son frère en tout cas, n’y aura pas été par quatre chemins, en faisant exécuter les deux enfants de Jeanne, qu’elle retrouva sur la table à manger de son château. Hasard des rencontres, il a fallu qu’en marchant vers ce promontoire caillouteux, je tombe sur des plantes filamenteuses fascinantes, tantôt rouges, orange ou bien jaunes, de la famille des convolvulacées. Des cuscutes, qui ont fait l’objet de bien des allégations. Elles sont surnommées “plantes vampires”, car elles parasitent leurs hôtes. Or les scientifiques ont récemment compris, en collectant des informations précieuses sur les parasites du coin, qu’elles pouvaient au contraire protéger leurs plantes hôtes. Entre histoire et légendes, corps et nature, il n’y a étonnamment parfois qu’une mince frontière de ruines, prêtes à s’effondrer. »

Sororité, un corps manifeste •

Sororité, un corps manifeste

Les femmes, la nature, les émotions, l’altérité, la différence, l’esprit, ne doivent plus être sacrifiés sur l’autel du dualisme occidental, qui a séparé nature et culture, raison et émotion, humain et non-humain, science et surnaturel, médecine et magie. Des voi·e·x s’ouvrent et s'élèvent pour un monde épicène et des réconciliations, entre femmes et hommes, nature et humain.

S’il faut manifester, rendre visible, ostensible… alors manifestons. Déclarons, pratiquons et révélons la sororité comme ouvrage séminal et maïeutique, entre CHIENNES ET LOUVES, entre jeu d'enfant et travail de femme.

Héritier·e·s d’une histoire et d’un regard renouvelé, appelant à la convergence des luttes, ce manifeste marque la naissance de notre collectif : un organe, un corps sensible, qui, en réflexions et en actions, mène combat contre toutes les formes de violence, de domination et de prédation, a l'egard de l'humain comme a l'egard de la nature.

Irrigué·e·s et soutenu·e·s par une vision du Féminin sacré, s'ouvrant à l’Autre, avec ses différences, oeuvrons ensemble a la reparation, à la résilience et à la réconciliation des corps physiques, émotionnels et sociaux. Contre l’invisibilisation, le sexisme et les valeurs disqualifiantes qui ont été à l’œuvre jusqu’à aujourd’hui, soyons manifestant.E.S pour un éveil citoyen et un changement de paradigme radical.

Mené par un Conseil des femmes – pragmatiques tout autant qu'utopistes – ce mouvement est à la mesure de la violence des crises que nous traversons, crise environnementale, crise sanitaire, crise sociétale. Pour manifester notre nature par tous les pores de la peau, faisons éclore, émerger une œuvre protéiforme en dialogue fecond avec la matiere et le vivant, en conscience des enjeux contemporains de l’anthropocène.

Donnons à voir des productions et rituels contemporains participatifs dans le champ des arts visuels et vivants, par la voix, par l’écriture, par la parole, par le chant et par le cri, par la peinture, par la photographie, par l’intervention, par tous les médiums, par tous les modes d'expression et par tous les moyens. mettons au monde un corps palpable, dans une approche collaborative plutôt que directive.

Sœur, amie, artiste : contribue à donner ton expression de la sororité pour la creation d'une manifestation collective, un corpus d’œuvres fragmentées réassemblées en un tout rendu flagrant. Autant de transcriptions d’un manifeste en evolution permanente, d’un corps témoignage contemporain de l'humain, pour donner à voir de nouvelles formes artistiques et semer de nouveaux modes du vivre ensemble.

Pour mieux habiter son corps, son espace de vie, ses relations, sa société, son époque, il est devenu résolument insoutenable, au vu des temps que nous traversons, de ne pas se manifester. Alors manifestons, soyons manifestant·e·s, laissons-nous surprendre par la manifestation de ce corps manifeste.


- SORORITÉ. Un corps manifeste, RACHEL DESBORDES & TANJA SONJOV, avril 2021

Le Fonds de dotation Sororité organise deux grandes manifestations annuelles l’été et l’hiver sur deux journées. Ces réunions annuelles favorisent les rencontres humaines et les échanges, les manifestations artistiques de toute nature, expositions et performances. Elles comportent également des colloques et conférences, avec des personnalités référentes et inspirantes dans leurs domaines de recherches et d’activité afin de contribuer à une émulation intellectuelle et d’encourager les actions menées.