Les réseaux d’entraide féminine connaissent une histoire séculaire, et se sont souvent trouvés à l’avant-garde de luttes et de transformations du monde – qu’elles soient sociales, spirituelles, économiques ou écologiques. La « sororité » désigne originellement une communauté religieuse de femmes, et, par extension, la solidarité qui lie des femmes-sœurs les unes aux autres.
Le fonds de dotation embrasse cette historicité et assume ce paradigme féminin ; il s’agit toutefois d’un principe féminin englobant et accueillant, qui ouvre ses bras à l’Adélphité, dans toute sa diversité.
Guidé par ce principe, le fonds a mis en place un Conseil des femmes pluridisciplinaire. Il s’agit de personnalités dont l’activité créatrice s’enracine dans des enjeux de société, notamment les questions de genre ou d’écoféminisme, et qui s’engagent concrètement par leur pratique professionnelle.
Le Conseil des femmes donne au fonds ses orientations imaginatives et artistiques, tout en étant à l’écoute du monde ambiant et en opérant une veille permanente dans les milieux artistiques, scientifiques, associatifs ou universitaires.
Le Conseil des femmes, en dialogue avec le Comité d’expert·e·s, sélectionne les personnalités sororées, qui vont bénéficier du programme de mentorat, et les accompagne dans la croissance et la maturation de leur projet artistique. Le Conseil travaille également à la constitution d’une collection d’œuvres d’art, qui fonctionne comme une caisse de résonance des problématiques sociétales contemporaines dont se saisit le fonds. Ces œuvres viennent à leur tour constituer une source d’inspiration et une matrice d’idées et d’énergies injectées dans le débat actuel. Le Conseil des femmes accompagne également les actions de levées de fonds nécessaires à la concrétisation des projets artistiques.
Rachel Desbordes a créé le fonds de dotation Sororité en 2017. Originaire d’Antibes, elle est à l’initiative du réseau Féminin Pluriel Côte d’Azur, qu’elle a dirigé pendant dix ans, jusqu’en 2019, et qui a contribué à mettre en œuvre une entraide des femmes dans l’arène professionnelle. Directrice artistique d’ArchiBiolab, elle conçoit son agence, fondée en 2014,comme un « laboratoire d’architecture au service du Vivant », qui donne vie à des espaces poétiques et biocompatibles. Sa pratique architecturale est indissociable de son œuvre plastique, qui se déploie à travers différents médiums – dessins, peintures, installations, œuvres sonores, poésies et rituels – et qui s’enracine dans un héritage spirituel nourri par ses recherches sur la philosophie, l’hermétisme et la symbolique. Artiste écoféministe particulièrement sensible à la restauration par le vivant des corps traumatisés, Rachel Desbordes aide les femmes à reconquérir leur autonomie personnelle et sociale, au moyen d’une activité libérale et d’une pratique créatrice. Elle travaille à privilégier les échanges et les rencontres dans un contexte d’émulation et de bienveillance active visant, plus que l’émancipation individuelle, l’émergence et l’affirmation de la personnalité la plus enfouie.
Tatjana Sonjov est Diplômée en sciences politiques (IEP Paris) et en histoire de l’art (université de Lille 3). Elle est à la fois journaliste et artiste engagée, qui se concentre sur l’histoire, la mémoire et l’oubli, plus spécialement dans leurs relations au corps. D’origine serbo-belge, vivant à Nice, elle travaille en particulier sur l’empreinte, la trace, la tache, sur ce qu’il reste du vécu davantage que sur le vécu lui-même. De l’architecture de nos pensées et de nos tissus à celle de nos habitats et de nos cités, entre ce que l’on dévoile ou ce que l’on éclipse, son œuvre révèle une infinité de possibles où se forgent les identités individuelles et collectives. Par la peinture, la photographie, l’installation ou la performance, Tatjana Sonjov livre des expressions fugitives du vivant, captées au prisme de l’intime ; une démarche dans laquelle l’environnement est une donnée première, dans une continuité entre minéral, végétal et organique.
Pauline Mari est historienne de l’art et autrice, spécialiste des liens entre le cinéma et les beaux-arts. Docteure dans sa discipline (université Paris-Sorbonne), elle s’intéresse au destin et à la réappropriation des œuvres de l’avant-garde dans les décors des films au xxe siècle : ces emprunts, flagrants et discrets, proviennent des cinéastes eux-mêmes, des scénaristes, des chefs décorateurs, et sont la traduction de projets déclarés ou inconscients, tous révélateurs de sublimations, de drames intimes sinon collectifs. Ses enquêtes montrent un intérêt pour les émotions traumatiques et refoulées, les lectures secrètes et cachées, les détournements violents. En 2018, Pauline Mari publiait Le Voyeur et l’Halluciné. Au cinéma avec l’op art (Presses universitaires de Rennes) dont elle tirait, en 2019, une exposition au musée d’Art moderne et d’Art contemporain de Nice, « Le diable au corps ». Son ouvrage Hartung Nouvelle Vague. De Resnais vers Rohmer a paru la même année aux Presses du réel. En 2021, elle consacrait sa recherche et son écriture au « cinéma assassin » et à la pulsion meurtrière de l’art. Son nouveau livre, Membres fantômes, consacré aux douleurs rémanentes chez trois figures célèbres amputées, est paru en 2022 aux Éditions des Cendres.